”الخبر” تزور القرية التي تذكرها السياسيون فجأة ”فتنة المسجد والمقام” تفرق سكان أغريب

Aghrib (Tizi Ouzou) : La mosquée de la fitna
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Aghrib (Tizi Ouzou) : La mosquée de la fitna
Article | August 26, 2010 | By Toma
Cela fait déjà 15 jours que l’affaire dite «mosquée d’Aghrib» est revenue au devant de la scène. Elle a pris des tournures graves mettant aux prises les habitants du village avec les membres d’une association religieuse initiatrice du projet. Les dessous de cette affaire ne sont toujours pas révélés.

Le brasier des affrontements qui ont opposé les villageois d’Aghrib, dans la wilaya de Tizi Ouzou, aux partisans d’une association religieuse locale pour empêcher cette dernière de construire une mosquée, n’est pas encore éteint. Construire une mosquée avec un dortoir de 120 lits, sans le consentement des citoyens du village, en recourant à des donateurs inconnus laisse planer le doute.

Le comble, ce n’est pas les mosquées qui manquent, à Aghrib. Outre celle de Sidi Djaffar récemment innovée, une autre mosquée est en phase de construction qui peut recevoir plus de 1000 personnes. L’objectif inavoué de ces semeurs de troubles, c’est de mettre sur pied une base arrière du salafisme au coeur même d’un symbole emblématique de la lutte contre l’intégrisme islamiste qui est le village Aghrib.

Aghrib est déterminé, selon les membres du comité, à assumer sa spécificité et son identité et ce n’est guère un groupuscule qui changera l’Islam ancestral prôné, depuis des lustres, par des rites salafistes intégristes. Selon les membres du comité qui ont répondu à nos questions, sans les esquiver, cette association est un gisement inépuisable de menaces pour la stabilité et la paix du village en particulier et de la région en générale.

Selon eux, les partisans de cette association, depuis sa création, ont remis en mémoire les démonstrations de force des activistes du FIS. Ils veulent ressusciter les années 90. À coup de menace, ils tentent d’aligner les citoyens sur leur «droit chemin». Ils ambitionnent d’instrumentaliser les lieux de culte à des fins qui ont drainé le pays à des massacres à coup de hache. L’Islam convivial et rassembleur les dérangent. Ils cherchent à instaurer l’Islam du maquis.

Aux dires des citoyens rencontrés sur les lieux, les partisans de cette association, non seulement boudent toutes les activités initiées par le comité, mais ils concourent leurs efforts pour dissuader les habitants avec des prêches aux couleurs de l’enfer afin de les empêcher d’y assister.

Bien qu’elles soient accomplies en harmonie avec les principes islamiques, il se trouve qu’un certain nombre de rites religieux et coutumes, scrupuleusement respectée par les citoyens, sont frappés du sceau de « Djahl » par ces fanatiques.

Là où ces derniers ont pu s’implanter, ils imposent leurs propres rituels de prière, d’enterrement et considèrent les «waâdat » et les commémorations des saints comme activité de renégats. Les villageois s’indignent, par ailleurs, contre la partialité et le parti pris de l’État.

«Nos plaintes et doléances auprès des autorités et des services concernés sont restées lettres mortes, alors que nous sommes assaillis par des convocations à la faveur des requêtes déposées par les partisans de cette association contre nos concitoyens», affirme Ali Aïder président du comité.

«Nous sommes déterminés à les empêcher de mettre sur pied leur édifice religieux par tous les moyens. Nous avons tout le village à nos côté et ce n’est pas ces énergumènes sans foi qui vont nous faire céder », a-t-il ajouté.

«Nous ne nous sommes jamais unifiés commes c’est le cas aujourd’hui. Les menaces et les fulminations de ces intégristes ont permis aux citoyens de se rapprocher et de graviter autour d’un seul mot d’ordre : celui de contrecarrer vaille que vaille, les projets diaboliques de cette secte », dira un autre membre du comité.

D’après les dires de ce dernier et confirmés par la suite par des citoyens, un des membres de cette association est poursuivi en justice pour le détournement de plus de 40 millions de centimes de la trésorerie du village, alors qu’il était membre du comité, et certains de ses compagnons sont des habitués des services de sécurité de la région pour leur activisme douteux.

Les citoyens d’Aghrib s’étonnent et s’interrogent sur les dessous du parti pris de certains organes de presse au profit de cette association sans pour autant chercher à en connaître les nondits et leurs vraies intentions.

Mais le comble de la gravité est que les politiques aussi rodent autour de cette affaire. Les noces endiablées entre la politique et la religion viennent pondre des agitations de certaines organisations connues pour leurs positions envers tout ce qui est kabyle.

« Ils sont en train d’envenimer la situation et d’ajouter de l’huile sur le feu », nous disaient les citoyens. Ces partisans de l’obscurantisme, poursuivent les citoyens, veulent prendre en possession les lieux de culte et les gérer à leur guise afin de répandre leurs fatwas dans une région symbole de la résistance citoyenne contre le terrorisme islamiste.

Pourquoi, se demandentt- ils, construire une autre mosquée à Aghrib alors qu’il y a déjà une belle mosquée qui est celle de Sidi Djaffar ? Il faut dire que cette mosquée restaurée récemment représente l’héritage des ancêtres. Elle a un cachet architectural authentiquement kabyle. Elle est témoins d’un mode de vie et d’un Islam ancestral. Jadis, il s’agissait de l’un des lieux de culte les plus respecté de toute la région.

Cependant, elle est bâtie sur un cimetière, ce qui serait contraire aux principes de l’islam, selon les membres de cette association religieuse. Pour connaître la version des faits des membres de cette association, un des membres du comité, se dévoue volontiers à nous guider envers eux.

«NOUS VOULONS UNE MOSQUÉE ET NON UNE SYNAGOGUE»

Après plusieurs tentatives de joindre au téléphone les membres de cette association, nous avons pu rencontrer l’un d’entre eux, mais le comble de l’ironie, ce dernier nous a demandé, de le présenter comme sympathisant et non comme membre fondateur de cette association.

Le flou s’installe déjà. Cet enseignant de langue anglaise, est revenu avec des détails sur les événements qui ont secoué le village d’Aghrib depuis janvier de l’année 2009. Selon lui, l’association a été créée lors de la nuit sacrée du 27 Ramadhan 2008, avec le consentement du comité du village. Durant déjà notre première réunion, il y avait des membres qui se sont retirés. Les assauts de certaines parties proches d’une organisation politique commençaient à se faire sentir.

«Mais notre détermination et dévotion à Allah, nous a permis de survivre à toutes les vagues de déstabilisation et de dénigrement », disait-il soulignant qu’au départ tous les citoyens du village d’Aghrib étaient pour la construction de cette mosquée.

Mais après, poursuit-il, les citoyens a force d’être menacés au quotidien ont eu peur pour leurs postes de travail et pour leurs familles. Toutefois, cela n’a pas pu empêcher cette association de préparer un dossier et le déposer à tous les services concernés de la wilaya.

«Nous avons eu l’aval de tous les responsables y compris le maire», fera savoir ce membre de cette association qui met l’accent sur l’obscurantisme et les pratiques non-conformes aux principes de l’Islam qui ne cessent de gangrener la population d’Aghrib. «Le non-respect à l’Islam, au Saint coran, au prophète et aux lieux de culte, tout cela se passe sous prétexte de respecter l’islam ancestral, non je voulais dire, l’islam des illettrés.

C’est aberrant », ajoute l’enseignant. Interrogé sur l’utilité de construire une nouvelle mosquée à 52 mètres de l’ancienne, celle de Sidi Djajffar, d’autant plus, une autre mosquée beaucoup plus grande est en cours de construction, seront-elles insuffisantes pour accueillir tous les fidèles d’Aghrib? Sidi Djaffar serait-elle une mosquée en déphasage avec les principes de l’Islam ou encore est-elle fréquentée par des personnes douteuses afin qu’elle soit abominable à vos yeux ?

Ce membre de cette association, dira qu’au village d’Aghrib aucune mosquée n’est appropriée à l’Islam. Selon lui, la mosquée qui a été récemment rénovée, allusion faite pour Sidi Djaffar, est bâtie sur un cimetière et cela est contraire aux principes de l’Islam comme d’ailleurs l’autre mosquée en construction.

«Nous voulons une mosquée digne de ce nom et non pas une salle de prières qui ressemble plus à une synagogue qu’à une mosquée», dira ce membre qui précise que la population d’Aghrib tient toujours à la reconstruction de cette mosquée. Il a accusé le parti de Saïd Sadi d’être derrière tous les événnements qui ont secoué récemment le village, notamment, le carnage contre la mosquée d’Aghrib.

Si vous avez la majorité des citoyens à vos côtés pourquoi vous n’avez pas dissent ce comité? Notre interlocuteur reste un bon moment hésitant et silencieux avant de nous faire savoir que des rapports ont été déposés à la wilaya de Tizi-Ouzou, des lettres remises en mains propres au Président de la République et au Premier ministre, mais jusqu’à présent, poursuit-il, nous n’avons reçu aucune réponse. Il déplore l’absence de l’État qui selon lui reste de marbre devant de telles dérives.

Hamid Mohandi_Le Courrier d’Algérie